Négociations annuelles sur les salaires, vraiment ?
Il est permis d’en douter dans la mesure où près de 80% du temps il a été question d’intéressement et de participation !
Nous avons tenu des comptes et nous sommes en mesure de vous livrer quelques chiffres saisissants pour bien mesurer à quel point nos interlocuteurs sont déconnectés de la réalité des salariés :
- La direction n’a pas manqué de rappeler que la politique salariale 2022 s’est terminée au-dessus de ce qui avait été prévu (et comme par hasard quasi en ligne avec la demande de la CFDT)
- Hormis par nous, le mot salaire a été prononcé très exactement … 0 fois par la direction et 2 fois par les autres organisations syndicales présentes. Une véritable performance qui mériterait, à notre avis, le titre de « champion du monde pour éviter l’éléphant dans le couloir »
- Les mots Intéressement et Participation (I+P pour la suite) ont été prononcés dès les premières minutes de la séance. Très exactement après 4 minutes et 27 secondes. A partir de ce moment-là, ils sont revenus sur la table de manière quasi systémique, à toutes les sauces et à tous les sujets.
- Le concept de « Package social » a été largement utilisé et présenté dès les premiers instants de la réunion.
- Nous tous ne sommes vus qu’au travers d’indicateurs chiffrés de « Masse salariale ». A part la CGT ARTELIA personne ne parle de « bas salaires » et utilise les concepts de « masse salariale pour les catégories socio-professionnelle ETAM et ADM ».
- Le temps consacré aux conséquences de l’inflation sur nos conditions de vie s’est réduit, de la part de la direction, à moins de … 45 secondes tout cumulé. Comptant le temps pour notre Directeur Général de nous dire que : « On parle de l’inflation et de ses conséquences mais la réalité c’est que le pouvoir d’achat a augmenté cette année de 1.8 à 2% » !
Bref, négociations sur les salaires ? Non, clairement non !
Les propositions de la direction
La direction n’a émis aucune proposition concrète. Elle s’est bornée à présenter un bilan de la « Politique salariale » des années passées, vantant son « Package social » et la générosité des enveloppes d’intéressement et de participation. Nous demandions plus de transparence sur les chiffres (nous n’avons que des moyennes par grandes catégories et sans mise en perspective de surcroit). La direction a affirmé nous avoir entendu et nous présenté une version augmentée de ce bilan en présentant les chiffres avec et sans les apprentis dans le bilan. Quelle révolution statistique !
Au passage, nous avons tout de même appris que pour nos collègues IC femmes (30% des salariées), l’augmentation moyenne est de 20€ inférieure à celle des hommes (environ 15% d’écart donc alors que le pourcentage d’augmentation pour les IC femmes est supérieur à celui des hommes, on part de très bas). Dans les catégories TECH et ADM (Administratif), où les femmes sont sur-représentée (Plus de 95% de femmes dans la catégorie ADM), l’augmentation moyenne entre les femmes et les hommes est … identique. Un bel exemple d’égalité professionnelle !
Pour le reste, voici les propositions de la direction :
- Reconduire la monétisation des RTT, avec défiscalisation
- Reconduire l’avance sur 13ième mois
- Augmentation de la valeur des tickets restaurant
- Augmenter le pourcentage de la masse salariale dédié aux œuvres sociales
- Discuter des mobilités douces pour optimiser l’attractivité et le recours à ces modes de transports.
- Lier la politique salariale et l’I+P car c’est « très intéressant sur le plan de la communication »
Ah, et bien sûr, tout cela dans un nouvel accord triennal qui apportera le bénéfice de faire « Attention à la surchauffe » et qui évitera de « créer une bulle salariale préjudiciable pour la suite ». Comprenez : un accord triennal permet de mieux mener une politique de modération des salaires.
Le tout arrosé de discours sur la nécessité de « prudence », de ne pas « mettre en danger l’entreprise », … dont il n’était pas question lors de l’opération actionnariale qui a donné presque la moitié de notre trésorerie à moins de 60 personnes. Nous avons même eu l’injonction « soyons tous raisonnables, nous ne sommes pas dans un monde virtuel » !
Et maintenant ?
Avouez que même en n’attendant rien de cette séance, il y a de quoi être déçu de sa teneur : la direction n’a donné aucun chiffre. Peut-être sont-ils en manque d’inspiration ?
Si la direction est en panne d’idées, pas de problème nous allons lui proposer les nôtres !
Lors de la prochaine négociation sur les salaires nous porterons nos revendications à la direction. Nous avons déjà fait comprendre qu’il s’agissait de négociations sur les salaires et non sur l’intéressement et que la poursuite des discussions serait conditionnée au respect de l’objet de la convocation.
Nous avons également précisé qu’il n’était pas question d’accepter un accord triennal sans contreparties importantes comme un système en numéraire qui favorise les bas salaires.
Puisque c’est maintenant que tout se joue, plus nous sommes nombreux à signer la pétition plus notre message sera clair et audible pour nos cadres dirigeants. Ensemble, nous sommes forts !