Bleexo, les raisons du boycott

Chaque année, la direction d’Artelia met en place l’enquête BLEEXO, un outil qui prétend mesurer la satisfaction des salariés. Mais cette enquête n’a en réalité qu’un seul objectif : répondre à des critères de certification et obtenir des résultats chiffrés flatteurs. Plutôt qu’un réel instrument de dialogue, BLEEXO est une simple formalité, un exercice d’image déconnecté des véritables besoins et préoccupations des salariés.

Les limites des enquêtes de satisfaction selon les sciences sociales

Les enquêtes de satisfaction comme BLEEXO sont fortement critiquées dans les sciences sociales pour plusieurs raisons. Un des points principaux est la loi de Goodhart : « lorsqu’un indicateur devient une cible, il perd toute signification ». Dans ce cadre, l’objectif devient non plus de recueillir des informations utiles, mais simplement d’obtenir un score élevé. Cela se manifeste notamment par des pressions exercées sur les managers pour garantir de bonnes évaluations, faussant ainsi les résultats. C’est d’ailleurs le cas de nombreux managers ARTELIA qui n’hésitent pas à « commander » des évaluations positives à leurs « collaborateurs », avec des consignes complémentaires données en réunion d’équipe (comme mettre plus de commentaires).

Le biais de la « malédiction du savoir » et la condescendance managériale

La direction adopte une attitude paternaliste, considérant que si les salariés sont en désaccord avec les méthodes ou la politique de l’entreprise, c’est parce qu’ils n’ont pas bien compris. Ce phénomène est bien décrit. Il s’agit du biais cognitif de « la malédiction du savoir » : les personnes ayant une expertise ou des responsabilités, ici les managers, partent du principe que ceux qui ne partagent pas leur vision n’ont pas compris et « qu’il suffit de plus de pédagogie ».

C’est ainsi que toute personne ayant l’audace de répondre à moins de 7 sur 10 est qualifiée par l’enquête de « détracteur » ! Ce biais condescendant ignore souvent que les salariés comprennent très bien la situation.

L’anonymat : une illusion

En théorie, les enquêtes comme BLEEXO garantissent l’anonymat des réponses. En pratique, cet anonymat est souvent contourné. En fonction de la taille des équipes et des commentaires laissés, il devient possible d’identifier les répondants. Nous avons des cas avérés, y compris parmi nos délégués syndicaux, où des salariés ont subi des reproches après l’enquête BLEEXO. Cette situation crée un climat de méfiance et dissuade les salariés de s’exprimer librement en instaurant des pratiques de management par la peur (« si tu parles, je le saurais ») et une omerta sur les pratiques de management parfois toxiques, violentes ou sexistes qui ont lieu dans certaines équipes.

Les effets pervers de BLEEXO

En plus des biais cognitifs mentionnés, l’enquête BLEEXO produit des effets pervers concrets :

  1. Manipulation des résultats : Toute note inférieure à 7/10 est perçue comme une critique, même si la note exprime un avis nuancé. Cela pousse les salariés à gonfler artificiellement leur évaluation pour éviter d’être catalogués comme « détracteurs ».
  2. Pression sur les managers : La direction fixe des objectifs de participation et de satisfaction qui influent directement sur l’évaluation des objectifs des managers. Ces derniers sont alors incités à orienter les réponses, voire à donner des consignes pour obtenir de bonnes évaluations. Cela fausse complètement les résultats et prouve que l’enquête ne sert plus qu’à remplir un critère de certification.
  3. Inutilité des résultats : Enfin, malgré ses efforts, la direction ne semble rien faire de concret avec les résultats de l’enquête. Les remarques et suggestions des salariés ne sont pas prises en compte, et aucune mesure réelle n’est mise en place pour améliorer les conditions de travail.

Un simple critère de certification

L’enquête BLEEXO a été mise en place uniquement pour justifier d’un critère de certification, et non pour répondre aux attentes des salariés ou améliorer leurs conditions de travail. Cela explique pourquoi tant de ressources sont investies dans l’obtention de bons résultats, mais sans qu’aucune action concrète ne soit prise ensuite.

Notre appel au boycott

Face à cette situation, la CGT Artelia appelle au boycott total de l’enquête BLEEXO. Voici comment vous pouvez manifester votre désaccord :

  1. Ne répondez pas à l’enquête.
  2. Si vous décidez de participer, attribuez des notes de 0 ou 1 partout, et ne laissez aucun commentaire pour protéger votre anonymat.

Ensemble, faisons entendre notre voix et refusons de jouer ce jeu biaisé.

 

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