Opération actionnariale, de belles promesses aux actionnaires

Le saviez-vous : une opération actionnariale se profile cette année. Cette fois, pas question d’un LBO mais d’un rachat d’action via la trésorerie du groupe. Cette opération a été présentée en comité de groupe qui a voté son contenu et dévoilée au CSE du 30/05/2023. Elle sera soumise au vote des actionnaires à leur prochaine AG, début Juin. D’ici là, premier décryptage.  

Une communication bien rodée pour détourner l’attention 

L’opération actionnariale réalisée cette année est une « réduction de capital sans pertes ». En clair : on utilise la trésorerie du groupe pour acheter une partie des actions. Lesquelles ? Celles des actionnaires majoritaires (les deux anciens présidents, mais aussi des séniors ayant des actions à vendre ne trouvant pas preneur). L’intérêt ? La formule de calcul de la valeur de la société est ré-évaluée avant l’opération, les « vendeurs » réalisent au passage une belle plus-value. La cerise sur le Gâteau ? Merci Macron : grâce à la « Flat Tax », ces plus-values sur le revenu du capital sont imposées avec un prélèvement forfaitaire unique très modéré ….  

A priori, donc, rien d’extraordinaire dans une entreprise capitalistique. Certains diront même qu’il vaut mieux entreprendre ce type d’opération que des capitalisations par la dette (plus risquée, comme un LBO). C’est d’ailleurs la communication principale de la direction : nous avons été abreuvés de discours sur le mode « il n’existe pas d’autre alternative », « ils ont pris un risque », « c’est mieux qu’un LBO », « c’est classique dans cette situation », …. Tout cela pour détourner notre attention d’un fait majeur : cette opération va distribuer plus de 70M€, 50% pour 2 personnes et le reste à des « sortants », également en nombre réduit (entre 65 et 100 personnes maximum).  

Les salariés apprécieront les deux poids, deux mesures : une « prime macron » qui totalise à peine plus d’1 M€ pour 2700 personnes contre plus de 70M€ distribués à, soyons généreux, pas plus de 102 personnes !  

Le règne de l’opacité 

Pour essayer d’endormir la vigilance des salariés, la direction accompagne cette opération actionnariale de tout un tas de belles promesses. Les plus symboliques : ouverture plus large de l’actionnariat, changement des limites d’âge et reconduction des « 100% actions gratuites » pour les premiers 10 000€ placés (si moins de 45 ans) – le montant minimal de placement. Nous vous passons tous les discours de communication sur les « valeurs du groupes » et notre « formidable modèle actionnarial, envié dans le monde entier ». Ces belles promesses viennent s’ajouter à l’écran d’opacité qui accompagne cette opération :  

  • Aucun bilan n’est présenté pour le dispositif dit « AGA2 ». Ce dispositif consistait à verser, en 2019, le modeste total de 5 495 000 actions gratuites à au maximum 65 « cadres dirigeants ». L’opération a eu lieu mais nous n’avons ni le nombre final des bénéficiaires, ni leur âge, ni le montant total finalement versé …
    Aucune structuration de l’actionnariat n’est communiquée. Nous avions pourtant une revendication simple, dans le respect de la « confidentialité » : fournir une « pyramide des montants détenus ». Cela permettrait de donner une idée de la concentration de notre capital. Le refus systématique (et très virulent) de la direction à ce sujet, nous inquiète au plus haut point. Il laisse supposer que loin d’une répartition « salariée », l’actionnariat d’ARTELIA est constitué d’une masse importante de « petits » porteur (quelques dizaines de milliers d’€) face à un bloc de très gros porteurs (plusieurs millions), ces derniers représentants un pourcentage conséquent du capital. Au vu des éléments à notre disposition (morcelés dans plusieurs rapports) nous supposons que moins de 100 personnes possèdent près de 70% d’ARTELIA, y compris après l’opération. La direction a tout de même fourni tout de même une pyramide des ages ou l’on peut remarquer que les 430 actionnaires de plus de 5O ans possèdent 60% du capital du groupe.
  • Les dividendes versés en 2023 au titre de l’année 2022, exceptionnelle, n’ont pas été communiqués. 
  • La direction, arguant d’un projet « groupe », a sollicité un vote en comité de groupe. La moindre des choses aurait été de solliciter également un vote de vos élus nationaux en CSE. Nul doute que le résultat du vote en CSE aurait était moins en faveur du projet. D’autant que pour nombre des salariés le “Comité de Groupe” est une instance peu connue (plus encore que le CSE) 

Vos représentants CGT ont voté contre le projet  

Au vu de tous ces éléments et de l’excellent travail, confidentiel à ce stade, de la commission économique ad-hoc, nos représentants CGT au comité de groupe (3 personnes Artelia) ont voté contre ce plan. Les autres membres du comité de groupe se sont prononcés en faveur du projet (11 voix).  

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