Ce mardi 18 Avril se tenait un CSE ordinaire. Il était présidé, dans sa première partie économique, par Benoit Clocheret en personne. Nous en avons profité pour aborder les questions des salaires, de la charge de travail et de la reconnaissance. Pour faire court, pour la direction c’est « circulez il n’y a rien à dire ». Face au constat de l’inflation et de la perte de salaire réel que nous subissons tous, le premier représentant de la direction estime d’ailleurs avoir « mis en place un arsenal de mesures, plus important que jamais ». Aucun effort plus conséquent n’est envisagé, à l’exception de mesures symboliques de « reconnaissance »
Point économique
Le point économique présentait :
- Un premier aperçu des résultats de 2022, même si la consolidation des comptes n’est pas terminée
- Un commentaire rapide des comptes de résultats sur les deux premiers mois de l’année
Même si la période d’analyse est réduite, et qu’il faut donc faire œuvre de prudence, les chiffres de début 2023 signalent un démarrage très intense pour ces deux premiers mois. Signalons que cette forte croissance du chiffre d’affaires par rapport à 2022 (+17% tout de même !) se fait, bien sûr, à masse salariale constante et donc à charge de travail augmentée.
Le reste du point économique a été consacré à décerner des lauriers à l’année 2022, exceptionnelle à plus d’un titre. On retiendra par exemple le résultat d’exploitation de 5,2%. La direction s’est attardée sur d’autres indicateurs financiers montrant la bonne santé financière du groupe et les performances de l’année écoulée.
Et les salaires dans tout ça ?
Puisque nous avions à la fois l’honneur de la présence de Benoit Clocheret et la présentation d’une année record en termes de résultat, nous en avons profité pour aborder, en CSE (et pas seulement en négociation) la question de la réouverture de la politique salariale. Nous avions déjà porté cette demande lors de différentes négociations, comme nous vous en rendions compte dans cet article.
Bien sûr, aucune surprise dans le contenu de la réponse : elle n’a pas varié d’un iota sur le fond par rapport à ce qui nous a déjà été dit : « nous avons pris des mesures fortes », « laissons-nous le temps de les déployer », « on verra prochainement », ….
Il est bien plus intéressant de noter la forme de la réponse, surtout quand celle-ci émane directement de notre Directeur Général. Sur ces points, rien de mieux que des citations in extenso pour illustrer la déconnexion totale entre nos cadres dirigeants et la réalité de nos situations.
Sur l’ouverture de nouvelles négociations
Notre Directeur Général le répète et le martèle, ils ont mis en place un « dispositif plus important que jamais », constituant un véritable « arsenal de mesures ». Sont placés sur le même plan : les « efforts » soi-disant consentis par la direction pour discuter de la politique salariale dès Septembre, la « prime macron », l’intéressement / participation, les différentes mesures de monétisation des RTT (ouvertes par la loi), les possibilités d’avance et même la « politique offensive » sur les titres restaurant (du montant du barème légal). Pour lui, il ne reste plus que des situations particulières et individuelles, qui peuvent être réglées par des avances sur salaire (avance sur le 13° mois et avance de salaire). Pas la peine, donc d’ouvrir de nouvelles négociations, tout a été fait.
Sur l’impact de l’inflation
Plutôt que de pointer les défauts de ces mesures (le débat aurait tourné court, ce n’est pas le lieu), nous avons préféré poursuivre sur l’impact de l’inflation qui ronge nos salaires. Nous avons précisé qu’au dernier compte, l’inflation se monte à 16% sur les produits alimentaires, pour une inflation moyenne de 5.7% entre 2022 et 2023, de Mars à Mars (déjà 6% l’année précédente).
Sur ce point très précis, la réponse a été extrêmement rapide : pour la direction, l’inflation va se calmer, pour le reste, voir ci-dessus …
Reconnaitre l’engagement des salariés
Dans la foulée des questions sur l’inflation, nous avons précisé que pour les salariés le compte n’y était pas. Nous avons notamment remonté les préoccupations de nombreux collègues qui n’arrivent plus à maintenir leur niveau de vie (perte de salaire réel). Vous êtes de plus en plus nombreux à nous signaler avoir des difficultés à « boucler » les fins de mois, certains d’entre nous sont même contraint de se priver de repas. Un phénomène qui concerne 30% des Français par ailleurs.
Pour la direction, il s’agit avant tout de cas particuliers, qui doivent se rapprocher des services RH qui sont « particulièrement » attentifs à ces situations et peuvent accorder des avances de salaires. Une sorte de fuite en avant.
Sur le sentiment « d’absence de reconnaissance », la direction signale qu’il est important de mieux communiquer sur tout ce qu’ARTELIA accorde aux salariés. Notre DRH envisage d’envoyer un « Bulletin Social Individualisé » à chacun d’entre nous, reprenant individuellement tous les avantages qui nous sont octroyés. Ils complètent en insistant sur l’importance de féliciter les équipes : « c’est important quand le patron vient dire, les yeux dans les yeux, vous avez bien bossé !» ….
Le message de la direction se résume donc ainsi : nous avons pris des mesures exceptionnelles et conséquentes, l’inflation va baisser et n’a pas eu autant d’impact que ça et il faut mieux communiquer sur l’engagement des salariés.
Quand, pour finir, nous avons rappelé que les collègues jugeaient cette réponse largement insuffisante et que le paiement en « monnaie de singe » n’allait plus suffire, notre Directeur Général s’est fâché, visiblement vexé par le terme, et déclaré qu’ARTELIA avait « le comportement le plus humain possible » sur les conditions de travail. Il a ensuite rapidement dévié sur la charge de travail.
Salaires ? Pour la direction, circulez, il n’y a rien à dire !
De notre côté, cet échange, assez bref au final, confirme la déconnexion de plus en plus grande entre la réalité de nos conditions de travail et la perception de la direction. Nous ne doutons pas de leur sincérité : ils sont fermement convaincus d’avoir fournis des efforts exorbitants sur nos conditions de travail et nos rémunérations. Les réactions épidermiques à la moindre parole contestataire, y compris sur le sujet pourtant consensuel de la rémunération symbolique, sont également riches d’enseignements