Soyons heureux, ils sont généreux …
« Merci patron ! Quel plaisir de travailler pour vous, ce que vous faites ici-bas, un jour Dieu vous le rendra »
C’est l’état d’esprit que la direction nous prête à nous, salariés d’ARTELIA, prenant au pied de la lettre le refrain cette savoureuse chanson des Charlot dont nous vous conseillons l’écoute pendant la lecture de cet article. Pour preuve, ces deux articles du moniteur où nos DRH estiment avoir « casser la tirelire » (11/02/2022, Thierry Lassalle dans Le moniteur) et nous avoir distribué un « socle de mesures (…) pour protéger le pouvoir d’achat » (10/02/2033, Catherine Baldassarre dans Le moniteur). D’ailleurs, ils nous l’affirment en négociation : « nous sommes même plus généreux que les demandes de la CGT ! ».
Ah oui, vraiment, quel geste, quelle clémence, quelle noblesse d’âme !
Une prime Macron ridicule et attribuée selon des critères discutables
Merci Patron !
Pour cette fabuleuse prime Macron qui totalise, pour les salariés de l’UES (2000 personnes) près de 1M€. Bien sûr, loin de nous l’idée cynique de la comparer au plus de 20M€ décaissés dans notre trésorerie en décembre 2022 pour … 2 personnes ! Nous ne la comparons pas non plus aux mirifiques dividendes versés (et à venir) à nos chers actionnaires (900 personnes), pour un montant moyen de 4000€ par personne !
Toutes nos excuses si nous ne nous sommes pas pliés à l’odieux chantage à la signature pour cette prime car, oui, elle pouvait être distribuée par décision unilatérale de l’employeur, même sans syndicat signataire …
Toutes nos excuses encore si, en tant qu’organisation syndicale, nous sommes tenus par le respect de l’application de la loi. Or, les conditions d’attribution de la « prime Macron » au sein d’ARTELIA s’écarte sensiblement des recommandations émises par le BOSS (Bulletin Officiel de la Sécurité Sociale) :
- La PPV (Prime de Partage de la Valeur) « made in ARTELIA » exclut les retraités ayant posé préavis avant la fin de l’année (mais encore dans les murs en 2023)
- La PPV « made in ARTELIA » eclut les démissionnaires, même si leur préavis de départ les amenait jusqu’en 2023.
Ils ont pourtant participé aux résultats exceptionnels de 2022 !
Une augmentation des tickets restaurants, aligné sur le barème légal
Merci Patron !
De nous avoir accordé une augmentation de la valeur des tickets restaurants conforme à la mise en application du barème légal. Vraiment, c’est généreux quand, entre janvier et septembre 2022 :
- Les pommes de terre : +10%, à 1.70 le kg
- Le pain : de 1€ à 1.13€ la baguette
- …. On en passe, et des meilleurs.
Et la hausse continue sur 2023. Voilà qui rend les choses plus concrètes que les indices moyennés. Il suffit d’aller voir le site de l’INSEE ou, plus simplement, de faire ses courses toutes les semaines !
Une hypothèque sur nos primes et nos salaires
Merci Patron !
D’inclure dans le « package social pour le pouvoir d’achat en 2022 » la politique salariale (c’est-à-dire nos augmentations et nos primes) de 2023. Des augmentations et des primes auxquelles nous aurions pu prétendre au vu des résultats exceptionnels de la société. ! Il est vrai, ils ne sont pas exceptionnels, ils sont juste « conformes à l’objectif » …
Merci Patron !
De raisonner en « croissance de la masse salariale », qui permet de tout additionner et de noyer les informations concrètes. Car chers collègues, les « fameux 10% » de « package », ainsi que l’engagement d’augmentation de 3.6% (et même celui des primes à 4%) sont exprimés en « croissance de la masse salariale ».
Vraiment, merci Patron, de nous croire incapables de traduire cette notion abstraite en réalité concrète : peu d’entre nous, si ce ne sont les hauts revenus, auront une augmentation de 3.6%. Comme chaque année, elle tournera autour de 30€ à 40€, et encore, pour ceux assez chanceux pour avoir une augmentation. Chacun le sait : raisonner en croissance de la masse salariale à budget définit implique nécessairement une distribution par le haut du budget (numéraire cette fois ci) des augmentations et avantage donc mécaniquement les hauts revenus au détriment des bas salaires. Comme toujours, plus on est proche du sommet de l’échelle, et plus on se sert dans le budget, ne laissant que des miettes à ceux du dessous.