Ce mardi 5 juillet 2022 se tenait un CSE ordinaire (à Echirolles). En plus de l’ordre du jour classique de ces instances ordinaires la direction a inscrit à l’ordre du jour un projet « surprise » de restructuration de nos collègues de la DSI. Ce CSE a été également l’occasion d’échanges sur la charge de travail, avec des réponses pour le moins surprenantes de la part de nos chers directeurs.
Point économique
La présentation des comptes consolidés était animée par notre cher directeur général adjoint ainsi que par Directeur Administratif et Financier, en renfort sur l’épineuse question des dividendes.
Sans surprises, et comme le vante si bien Benoit Clocheret dans son interview au moniteur, le groupe se porte très bien avec un résultat net de 24M€. Les actionnaires d’ARTELIA (980 personnes) en ont été récompensés avec des dividendes à hauteur de 4.1M€ au titre de l’année 2021. Notre PDG souligne d’ailleurs que 2021 est encore plus exceptionnelle que 2019.
En plus de représenter un montant moyen de 4 185€/actionnaire, 4.1M€ c’est :
- Une augmentation de 105€ par mois, sur 13 mois, pour 3000 personnes
- Ou, une prime exceptionnelle de 1 300 €/personne, pour 3000 personnes
C’est-à-dire très exactement nos revendications lors de la négociation sur la politique salariale. Et tout ça ne représentant « que » 17% du résultat net de l’entreprise. Nous, nous sommes d’avis que 17% du résultat net de l’entreprise pour rémunérer notre travail et nos efforts est un bien meilleur investissement que celui qui consiste, avec le même argent, à faire grossir les portefeuilles de ceux qui ont déjà tout !
La direction transforme notre DSI en prestataire indépendant
ADS, de qui parle-t-on ?
ADS, pour « ARTELIA Digital Solutions », c’est :
- A la fois les équipes de la DSI et de l’innovation, actuellement rattachées à la holding. 70 collègues seront concernés : nos camarades des équipes de la DSI (helpdesk, services réseau, maintenance, …)
- A la fois une société indépendante, en charge de vendre des solutions logicielles aux clients, pour 39 salariés. Majoritairement des anciens salariés d’Auxitec mais aussi le personnel qui gère la plateforme ARTELink, le « Uber » de l’ingénierie conceptualisée, conçue et opérée par ARTELIA …
Créer un prestataire de service unique, nommé ADS
C’est le projet présenté par la direction. Et pas sur le mode d’une consultation : elle est bien décidée à l’exécuter « quoi qu’il en coûte ». Très concrètement, il s’agit de transférer les 70 collègues ARTELIA vers la société ADS.
Les raisons officielles ….
Pour nos dirigeants, garder les collègues de la DSI dans le giron de la Holding représente une complexité insurmontable, d’autant que par construction la Holding ne peut pas facturer de prestations. Mais alors, pourquoi pas faire une BU (ou une BT, ou tout autre sigle qui convienne), rattachée non plus à la holding mais à ARTELIA SAS ? Essentiellement le « fait du prince ». il nous a été expliqué en CSE, à maintes reprises, que cela relevait de la volonté de Benoit Clocheret. Les discussions ont tourné court et à ce sujet, il nous a même été intimé, in extenso, « de lui poser directement la question » !
… et les motivations financières réelles
Signalons d’abord que lorsque nous avait été annoncé le changement de nom (de DSI vers ADS) nous avions non seulement signalé le risque important de confusion mais également fait part de notre inquiétude de voir arriver ce type de transfert. A cette époque (il y a 1 an) la direction jurait que jamais, oh grand jamais, il n’y aurait de transfert vers ADS (extérieur) ….
Comme à l’époque nous ne sommes pas dupes des belles paroles de la direction et des promesses légères. Par petites touches il s’agit en réalité de transformer graduellement nos équipes de la DSI en prestataire indépendant. Avec tous les dangers que cela comporte :
- Pression à la baisse sur le prix des prestations
- Possibilité de mise en concurrence
- Obligation de s’ouvrir à d’autres clients qu’ARTELIA
- …
Et donc l’inévitable dégradation des salaires et des conditions de travail.
La surcharge de travail ? Ça n’existe pas !
Tout le CSE, du point économique jusqu’à la présentation du projet ADS en passant par les échanges sur la CSSCT et autres commissions, a été émaillé de nombreuses questions de vos élus sur la surcharge de travail.
Nous avons fait remarquer que si le résultat net et autres chiffres sont en belle progression, il n’en va pas de même pour la masse salariale. C’est donc que notre « rentabilité individuelle » s’accroit. Dit autrement : le travail s’intensifie. Nous nous sommes également interrogés sur la crédibilité de l’énorme carnet de commande du groupe. Qui va produire les plus de 1M€ de commandes alors que nous n’arrivons pas à recruter et que nos équipes sont surchargées ?
Petit florilège du déni de la direction :
- A propos de la surcharge vécue et remontée par de nombreuses équipes : « Il faut faire attention et ne pas parler de surcharge, plutôt de charge mal gérée ».
- A propos de notre crédibilité sur le carnet de commande « Il n’est pas possible de dire non à un client (…) ils ont besoin de nous et nous devons être là pour leur projets ».
- …
La cerise sur le gâteau c’est le renvoi systématique à notre accord temps de travail qui prévoit, pour les régimes 2, des semaines de 45h (50h pour les régimes 3). Là encore un subtil glissement de sens s’est opéré. D’un accord rempli de belles paroles et accompagné de nombreuses promesses, nous sommes passés à l’exigence, pour la rentabilité de la société, de faire des semaines à rallonge. Rappelons que, même au forfait jour, la durée légale du travail en France est de 35h par semaine, et non 45 (ou pire, 50). Bon retour au 18° siècle !